mercredi 16 novembre 2022
Tous les événements indiqués dans l'horaire sont à l'heure de l'Est.
9h00
Présentation et ouverture du colloque
9h15
Conférence plénière : « La bataille de l’eau : violence et imaginaire guerrier dans les jardins princiers de la Renaissance et du Baroque »
Présidence: Denis Ribouillault
10h00
Période de questions
10h20
Pause
10h30
Panel 1 : De la mythification à la destruction
Présidence: Élise Marciniszyn, comité scientifique
Ce panel explore l’instrumentalisation de la Nature par l’image en interrogeant sa mythification moderne dans sa relation à l’humain, posant la question d’un équilibre nécessaire à la conception même d’une poétique. Il aborde ainsi l’idée reçue du wilderness de sa création à sa réappropriation, la politisation des mouvements de la caméra et repousse les limites en explorant une nature perverse et indifférente, co-existant avec le crime humain.
L’invention d’une idée reçue de la nature par la photographie : création ou destruction ?
Alexandre Campeau, Université de Montréal
La photographie est un médium de création d’images, mais surtout de création d’imaginaires. Depuis son introduction aux États-Unis en 1839, la pratique photographique est indissociable de la construction d’une idée reçue du wilderness, soit l’idée romantique d’une nature intouchée, quoique vulnérable (Callicott,1998). Cette idée d’une nature qui possède une valeur supérieure lorsqu’elle est esthétiquement plaisante, voire spectaculaire (Larrère, 2018), est persistante. Ce faisant, la photographie a contribué à l’adulation de lieux spectaculaires aux dépens de ceux jugés banals ou dégradés, comme les parcs urbains ou les friches. En nourrissant le tourisme de masse qui, par le mimétisme photographique des réseaux sociaux, la photographie aussi a décuplé la pression anthropique sur les lieux idéalisés. À la lumière de ce qui précède, cette présentation expose comment la photographie a contribué à détruire la nature. Au-delà de ce simple constat, je suggère des pistes pour faire de la photographie un médium proactif dans la recréation de ponts entre la nature et l’être humain. Par ma démarche en recherche-création, je souhaite démontrer ce que la photographie peut — positivement — faire, ou plutôt peut faire faire aux pratiques d’aménagement du territoire.
L’image de la Nature et sa poétisation dans le cinéma de Mikhail Kalatozov
Oleksandra Vorobiova, Université de Lausanne
« Les arbres semblent parler ou nous inviter à parler d’eux ». Cette citation, tirée de l’article « Quand une vue d’arbres est presque un crime » (STIEGLER 2009) 1 , conclut l’analyse d’un plan célèbre du film Quand passent les cigognes (1957), réalisé par Mikhail Kalatozov et tourné par Sergei Ouroussevski, qui consiste en une prise de vue sur des bouleaux. D’après Bernd Stiegler, cette image s’inspire d’une série de photographies de pins en contre-plongée d’Alexandre Rodtchenko, publiée dans la revue Novy Lef en 1927 (fig. 1). Cette représentation d’avant-garde de la nature, qui déchaîna toute une controverse en rendant les pins « politiques », a ensuite été réutilisée de manière expressément engagée par Dziga Vertov dans le film Tri pesni o Leninie (Trois chants sur Lénine, 1934). A partir de l’article de Stiegler qui fait le point de départ de notre communication, nous considérons des réseaux des liens artistiques autour d’Alexandre Rodtchenko – son enseignement aux Vhutemas et la connaissance personnelle avec le futur opérateur de Quand passent les cigognes, ainsi l’impact de Rodtchenko sur les films du tandem du réalisateur Mikhail Kalatozov et d’opérateur Sergei Ouroussevski. La symbolisation des grues dans Quand passent les Cigognes. L’image poétique des arbres et des oiseaux qui s’apparaît dans le film de Mikhail Kalatozov mal connu par Occident - Les Tourbillons hostiles (1953). L’analyse se porte grâce aux textes découverts et jamais inédits en français : les souvenirs d’Ouroussevski, l’intervieuw de Kalatozov, les sténogrammes des réunions du Conseil des arts Projection et discussion des films, des articles obtenus par l’archive RGALI. La poétisation de l’image de la Nature dans d’autres films faits par le duo Kalatozov-Ouroussevski : les effets des paysages dans La Lettre inachevée (1960), les prouesses techniques afin de poétiser l’image de la nature dans le « film-poème » Soy Cuba (1964).
Autour de Melancholie der Engel de Marian Dora : crimes « contre-nature » destruction et extinction
Julien Bouthilier,
Cette communication se veut une brève introduction à l’univers hors-norme et repoussoir du cinéaste underground allemand Marian Dora, plus spécifiquement son film Melancholie der Engel. On verra comment sa mise en scène aussi trouble qu’unique, entremêlant nature et destruction, cultive une véritable écologie du crime, chargée du pressentiment d’une fin inévitable. Avertissement : cette communication va aborder une œuvre dont le contenu peut choquer. Il sera notamment question de cruauté animale et de divers actes de violence.
11h35
Période de questions
11h55
Pause dîner
13h25
Panel 2 : Représentation poétique de la nature
Présidence: Aynaz Ghaderi Ghalehno, comité scientifique
Ce panel, à travers l'analyse de diverses œuvres, vise à réfléchir sur les rapports entre l'esthétique et la nature. Il s’agira avant tout d’étudier la manière dont les œuvres d’art en empruntant les thèmes liés à la nature - les phénomènes naturels, la lumière en tant qu’élément indispensable de la vie, et le corps - torpillent les codes représentationnels pour créer de nouvelles formes de l’expression visuelle (arts de la scène, créations artistiques fractalistes, peinture). Les présentations proposent des analyses sur l’esthétique formelle des œuvres produisant des effets esthétiques sur le spectateur.
La puissance des saxifrages et la lumière unifiante
Priscilia DaCosta, Université de Lille
Le soleil, cet astre qui rythme la vie sur terre, tient une lumière unifiante face aux vivants, si puissante, pourtant vulnérable. Dans les arts de la scène, la lumière contribue à spatialiser et temporaliser les représentations. Phénomène complexe et polysémique, elle transforme l’espace scénique et les temps d’une représentation pour co-constituer le dispositif des spectacles. Toutefois, si ces transformations lumineuses peuvent être expressives en soi, elles agissent surtout sur et dans le mouvement des représentations. Pour étudier la lumière naturelle et unifiante du soleil, je m’appuierai sur le spectacle POUSSE, la puissance des saxifrages (création 2021) de la compagnie française Les Lucioles S’en Mêlent. Ainsi, le soleil étant la principale source lumineuse de ce spectacle, celui- ci prend place au cœur d’une démarche en dialogue direct de notre rapport au monde et aux vivants.
Mon corps, un déluge d’infini...
Giuseppe Crivella, Université Paris-X Nanterre
Dans les ouvrages de Michaux la dimension graphique chargée de véhiculer les traits plastiques référés à la sphère iconographique du visage se mue sans préavis en une surface en ébullition. La figure devient l'espace muet et tremblant d'un silence visuel qui ne cesse de se replier sur la profusion chaotique de masses figurales culminant dans un déferlement angoissant de quelque chose qui laisse apparaître la matière interne du corps avec ses remous. Le volume facial est le produit d'une espèce d'expulsion inattendue au sein de laquelle le poète de Namur tente de moduler une ligne sans capter une forme. À la fois impénétrable et poreux, aérien et magmatique, le visage est un amalgame de décombres flottants devenus le milieu ou le point central d'une abolition irréversible de tout élément reconnaissable…
L'œuvre fractale, esthétique organique résistant à l'organisation humaine
Luce Zamora, Université du Québec à Montréal (UQAM)
Cette présentation se veut être une réflexion sur l'art génératif utilisant les fonctions fractales, et leur engouement pour la complexité. J'avance ainsi que l'ébranlement du modèle euclidien et l'imprévisibilité chaotique fractale permet de décentrer le rôle de l'artiste qui se retrouve relégué.e au siège de spectateur.rice. L'humain.e une fois évacué.e du processus de création, les fractales peuvent se constituer comme des entités autosuffisantes et autonomes. Ce faisant, la poétique fractaliste apparaît comme un art de l'érème, cet espace inconnu et non-habité, en résistance à la domination du sujet moderne.
14h30
Période de questions
14h50
Pause
15h00
 Panel 3 : Créer la Nature
Présidence: Ingrid Cinq-Mars, comité scientifique
Ce panel propose d’explorer la thématique de la création de la Nature dans la littérature et la peinture de l’époque moderne, selon une perspective épistémologique. Il aborde l’élaboration d’une cosmogonie empreinte d’un discours philosophique et théologique à la Renaissance pour, ensuite, questionner la représentation de la flore sud-andine dans le contexte colonial du XVIIe siècle ainsi que la fabrique du paysage dans l’art britannique de la fin du XVIIIe siècle.
Uranie, Muse de la poésie divine à la Renaissance
Anna Papacostidis, UdeM
Notre communication traitera de l’une des pistes d’approches qui constitueront notre projet doctoral, soit le rôle d’Uranie, Muse de l’astronomie selon la mythologie grecque, dans la cosmogonie de la poésie divine de la Renaissance. Nous aborderons plus spécifiquement la dimension spirituelle qu’implique l’étude de la Nature chez les poètes tels que Dante Alighieri (1265-1321) et Guillaume Saluste du Bartas (1544-1590). En outre, nous parlerons de l’évolution iconographique de la figure d’Uranie et de ses rapports au concept de sagesse divine.
Ordre, dualité et symétrie. Peinture de fleurs et floreros dans la peinture sud-andine
Sebastian Ferrero, UdeM
De même que pour la peinture de paysage, la nature morte ou plus précisément la peinture de fleurs, en tant que genre indépendant, n'a pas atteint une grande splendeur au sein de la production artistique de la vice-royauté du Pérou. Cela ne présuppose pas que les peintres andins ne se sont pas intéressés à ce type de représentation. Au contraire, la peinture de fleurs était un complément essentiel et presque constant de la peinture religieuse coloniale. La nature morte sud-andine se caractérisera par une stylisation et une schématisation des formes, et par la répétition de compositions symétriques. Cet aspect forcé et simplifié de ces représentations a remis en question les capacités ou les qualités techniques des peintres locaux. Dans cette présentation, j'ai l'intention de réfléchir sur différents enjeux formels, culturels et symboliques, qui expliqueraient le développement particulier de ce genre au Pérou par-delà de la question de qualité. J’analyse, entre autres, l'usage de la symétrie en relation aux besoins productifs des ateliers coloniaux, ainsi que par rapport à certains aspects d’ordre cosmogonique et culturel.
‘Raconter’ le paysage. L’inventivité artistique et esthétique à l’œuvre dans la peinture de paysage britannique de la fin du XVIIIe siècle
Marie-Claude Beaulieu-Orna, Université de Poitiers
Au cours du dix-huitième siècle, un nouveau rapport de l’individu à la nature modifie l’approche de sa figuration par les arts : cette nature ne doit plus être imitée mais révélée dans son essence et exprimée selon une expérience personnelle. Cette modulation théorique primordiale va engendrer chez les peintres de paysage britanniques une créativité nouvelle, en particulier une inventivité matérielle et technique distinctive que cette communication souhaite mettre en lumière. En s’appuyant sur l’analyse de quelques créations issues du voyage d’artistes, nous constaterons ainsi comment ces peintres s’attachent à figurer le paysage naturel par le biais de ses propriétés singulières. Ce souhait les conduit à exprimer l’essence et l’expérience de la nature, voire à recréer la Nature, en s’inspirant de son fonctionnement organique et de ses couleurs propres tout en répondant à des critères esthétiques. En allant au fondement du regard et du geste artistiques de ces paysagistes britanniques, leur créativité innovante apparaît ainsi comme la conjugaison d’une référence à la tradition et d’une velléité culturelle à l’expérimentation.
16h05
Période de questions
jeudi 17 novembre 2022
Tous les événements indiqués dans l'horaire sont à l'heure de l'Est.
9h10
Conférence liminaire : « Les paradoxes de l’Anthropocène ou le piège de l’écoblanchiment »
Présidence: Bénédicte Ramade, historienne de l’art
10h00
Période de questions
10h20
Pause
10h30
Panel 4 : Entre écologie et environnement
Présidence: Cassandre Herbert, comité scientifique
Science, nature et environnement travaillent de concert dans un monde où la Nature fait face à des problématiques importantes. Divers médiums prennent alors leur place afin de passer un message transmis par les artistes travaillant de concert avec leur environnement. Que ce soit l’utilisation des eaux usées ou les graffitis en Haïti, un message social peut se passer à travers les créations artistiques. L’artiste y crée un monde nouveau par l’intermédiaire de son art qui amène à repenser certaines pratiques et en mettre de l’avant d’autres. Cette poétique liée à la Nature permet une relation entre l’artiste, son travail et son environnement qui forme de nouveaux moyens de communiquer avec le monde.
Poétiques des eaux usées, dormantes dans les villes en Haïti : esthétique du désordre
Théophilo Jarbath, Université d’Ottawa
Notre communication interroge dans une perspective interdisciplinaire le langage poétique des eaux usées, dormantes (boueuses, fluctuantes) dans les villes d’Haïti, pays des caraïbes francophones, donnant forme à une esthétique du désordre dans des créations visuelles menées sur une décennie 2010 - 2020. Cette interrogation se dresse l’autoportrait performatif autour de ces créations in-situes et des objectivations des humains autour d’elles, des modalités techniques, des écritures sensorielles, sonores, de la narrativité de cette pratique artistique (la photographie) autour des eaux usées, dormantes dans les espaces urbains, constituant des mémoires de la mobilité, des flux de relations, des échanges entre humains et non-humains, des paysages amorphes qui se sont construits, imaginés.
From mono to permacultures: imag(in)ing narratives via listening and care (vidéo)
Luisa Santos,
Nous savons que les institutions artistiques et les universités ne sont pas des lieux diversifiés et inclusifs tant dans leurs parties publiques que dans leurs parties moins publiques. Nous savons aussi que la production artistique et la mobilité artistique ont un impact environnemental. C'est en raison de la reconnaissance de ces défis que, au cours de la dernière décennie, les entités gouvernementales nationales ont défini les critères d'octroi d'un soutien financier aux industries créatives : lorsqu'elles demandent un financement national et/ou européen, les institutions des industries créatives devraient concevoir des projets qui sont à la fois inclusifs (répondant au manque de diversité et de représentativité raciale et de genre) et durables (adoptant un rôle central dans l'avenir vert et durable de l'Europe). Mais comment ces défis se connectent-ils ? Quels sont les liens entre la race, le genre et l'environnement ?
L’environnement comme support du beau artistique
Dorelus Orso Antonio,
En Haïti, avec les graffitis, les murs urbains sont des espaces de la parole muette. Cet art, tout comme les autres représentations artistiques, se fait témoin de la défaite de l’organisation politique haïtienne. Cette forme de représentation artistique entend également rendre hommage à une personne, une célébrité ou un homme politique ainsi qu’elle participe à la décoration des murs des villes et esthétise la crise environnementale que connaît le pays depuis des lustres afin de créer du sens poétique. En ce sens que l’œuvre de Jeanne Will Orélien dit V!CKY O rentre dans cette logique d‘embellissement de l’espace avec de papillons, de fleurs, des abeilles, des plantes et des couleurs chaudes. Marckenley Darius, tout comme Jerry et Oliga, s’identifie dans une esthétique politique, c’est-à-dire de dénoncer la politique haïtienne et de revendiquer le droit de la femme. Assaf de son côté, s’évertue plutôt à rendre hommage à certains artistes et hommes politiques célèbres. Par cet acte de prosopopée poétique, c’est-à-dire investir les murs, jusqu’alors considérés comme «non lieux d’art», pour devenir espace pictural afin de créer des affects, les murs deviennent une forme de poésie urbaine latente de la réalité. Un jeu artistique conscient qui mime ce qu’il y a de particulier dans la société haïtienne et ce qui symbolise celle-ci. Cette démarche appert pour les graffeurs le souci de montrer leur existence par la création artistique et de se projeter dans tous les recoins de la ville tel un corps divin, le corps qui est partout, assiste à tout et qui parle à tout afin de favoriser la prosopopée affective. Dans cette société où le dialogue n’est pas de mise, les murs dans l’espace environnemental cessent d’écouter et s’évertuent à caricaturer l’acte de la parole avec autrui comme besoin de vivre et de faire vivre une beauté artistique éphémère en raison de la nature subversive du graffiti, les intempéries ou la variation climatique et même l’intentionnalité de l’artiste.
11h35
Période de questions
11h55
Pause dîner
13h25
Panel 5 : Zone et Post-industrialisme
Présidence: Élise Marciniszyn, comité scientifique
La « zone » est un emplacement liminal où la nature post-industielle reprend ses droits. Que cette occupation de l’espace soit littérale ou spirituelle, la « zone » peut représenter un nouveau wilderness créé à partir du déclin de réalisations humaines. Ce panel offrira alors une réflexion sur les espaces désindustrialisés, le côté spirituel d’une Zone où nature et inconscient travaillent de pair et sur l’impossibilité pour la société de continuer dans son capitalisme industriel actuel.
Post-industrial Wilderness: Wastelands and Local Communities
Silina Maria, UQAM
Cet exposé sera consacré aux zones urbaines (post)industrielles et désindustrialisées ou semi-industrialisées en tant que territoires naturels (Gil Doron 2008 ; Janssen, 2009). Les chercheurs sont le plus souvent préoccupés par la représentation des friches et des anciens territoires industriels à travers les médias artistiques comme des terrains vagues et des ruines (Diane Scott 2019). Cependant, dans cette intervention, je mets l'accent sur une dimension rarement évoquée des zones (dé)industrialisées : le concept de "wilderness" comme condition post-industrielle. En effet, la plupart de la population urbaine vit dans des quartiers à croissance rapide qui ont proliféré dans d'anciennes zones industrielles. Ce sont les quartiers les plus abordables pour les jeunes familles, les immigrants et les autres communautés marginalisées. Les zones désindustrialisées, en tant que lieux de loisirs, de récréation et d'exploration, sont également parmi les lieux les plus fréquents des premières expériences fondamentales de la nature. En outre, la plupart des zones liminaires entre les quartiers officiels de la ville font également partie de territoires (semi-)abandonnés qui sont rarement considérés par les autorités municipales et les experts en art public comme des lieux d'intervention et de développement culturel en raison de leur propriété mixte. Ces zones sont utilisées comme des parcs naturels par les habitants : les gens s'y promènent avec leurs chiens, observent les oiseaux, et c'est parfois le seul endroit où l'on peut observer des animaux comme les ratons laveurs, les mouffettes et les marmottes. Dans cette présentation, je souhaite aborder les approches des friches et des zones désindustrialisées en tant que lieux de nature sauvage, de nature et de terres prometteuses pour les récréations écologiques. Je parlerai de ces concepts à travers la perspective intersectionnelle qui combine mon propre activisme social axé sur l'art en tant que citoyen.ne et mon travail en tant qu'expert.e en art public en prenant des exemples récents à travers Montréal tels que le Parc Nature Mobilisation 6600 à Mercier, l'étude de cas auto-ethnographique sur le territoire naturel des chemins de fer le long d'Hochelaga, Ville-Marie et Rosemont et d'autres.
La « zone » dans Stalker : Une géopoétique de la nature qui transforme
Luc Gélinas, UdeM
Dans Stalker, Tarkovski épure les décors en retournant à la nature. Tout le superflu matériel des décors futuristes de Solaris fait place à une nature qui reprend sa place sur les constructions de l’homme : la Zone. Lieu étrange où une météorite serait tombée, lieu bien gardé par l’armée. Cette « zone » se présente comme une jungle de l’inconscient des personnages où tout geste peut les faire bifurquer de chemin. Seul un Stalker, guide (spirituel), est apte à dialoguer avec la « zone » afin de trouver le bon chemin. Si la Zone est changeante, c’est qu’elle représente notre capacité à modifier nos croyances (notre « focus »). Tarkovski nous invite à revisiter notre maison intérieure afin de remplacer notre monde matérialiste par un monde plus spirituel, voir cette lumière qui lie les hommes entre eux. Comme celle qui jaillit sous une ondée dans le travelling arrière où seul le spectateur entre dans la chambre qui exauce les vœux.
Zone en travaux : Invitation pour la construction de nouvelles formes de production dans l'art contemporain
Laura Villar Fernandez, Université de Lille
Alors qu’aujourd’hui la fin de notre espèce semble plus plausible qu’un éventuel changement structurel de nos sociétés assurant notre survie, nourrir nos imaginaires pour pouvoir envisager des futurs désirables dévient prioritaire. Nous voulons donc de l’art, et de l’art ensemble. À quoi ressemblerait un protocole de production en cohérence avec la défense de la vie ? Comment faire de l’art contemporain le laboratoire de l’action collective ?
14h30
Période de questions
14h50
Pause
15h00
Panel 6 : Du perceptif à l’organiciste. Enjeux d’une Nature « originelle »
Présidence: Cécile Delignou, doctorante et chargée de cours
Ce panel questionne la notion de paysage et d’environnement dans le cinéma de James Benning en l’envisageant sous le prisme d’un antagoniste social. En posant les limites de l’esprit humain ou la nécessité de la notion d’« originel », son approche écosophique et épistémologique permet de se concentrer sur l’hypothèse d’un fonctionnement en réseau redéfinissant les codes du monde de l’art comme l’illustre la poésie organiciste de Frank Lloyd Wright, Claude Bragdon ou de Richard Buckminster Fuller. L’analyse du processus de géoingénierie solaire par injection stratosphérique d’aéorosols permet de son côté, par son rapport à l’organique, à la Nature comme à la création artistique et la réception des publics, de mettre l’idée de poésie et d’écosophie à l’épreuve du concret.
L’expérience perceptive dans le cinéma de James Benning : un projet écosophique ?
Benjamin Léon, Université de Lille
Depuis le début des années 70, James Benning s’est engagé dans une enquête systématique sur les relations entre l’homme, l’environnement et le médium filmique. Avec comme héritage plastique le cinéma structurel des années 60 et 70, l’artiste construit dans son Midwest natal, puis dans l’Ouest américain où il vit depuis 1987, une œuvre singulière qui conjugue une forme inédite tenant à distance le documentaire et la fiction. À partir d’un corpus proposant un va-et-vient au sein de la trilogie californienne de Benning (El Valley Centro, Los, Sogobi) de même qu’une réflexion sur la place du sujet face aux images perçues (L. Cohen), je souhaiterais mettre en perspective la dimension écosophique de son cinéma. À la différence de l’écologie (discours sur la nature), l’écosophie (sagesse de la nature) insiste sur la connaissance que nous avons de la nature et le lien qui nous unit à elle. Dans la trilogie californienne, nous verrons comment ces films révèlent une relation écosophique voir écophénoménologique qui vient réinvestir notre rapport primordial à la nature : ces images montrent bien que l’expansion incontrôlée de Los Angeles s’est faite sur la spoliation irréversible de l’Owens Valley, source historique de son approvisionnement en eau. De cette façon, l’eau – d’où elle vient et où elle va – devient le vecteur virtuel qui relie les films ensemble comme un projet écosophique global (l’eau en tant qu’élément vital). La dimension écophénoménologique du cinéma de Benning invite à questionner différemment nos réactions perceptives (notre relation à l’œuvre mais aussi avec nous-même) et amène à la question suivante : nos sens sont-ils suffisamment éveillés pour voir ce qui se passe devant nous et tenter d’imaginer le monde autrement ?
La poétique organiciste de Frank Lloyd Wright, Claude Bragdon, Richard Buckminster Fuller
Hélène Lesbros, Université Paris Nanterre
Frank Lloyd Wright (1857-1969), Claude Fayette Bragdon (1866-1947) et Richard Buckminster Fuller (1895-1983) sont trois artistes américains dont l’œuvre intermédiale est tout à la fois architecturale, poétique, graphique et médiatique. Chacune entretient, à travers des modalités propres, un rapport fondamental à l’idée de poétique de la nature, selon une réflexion sur l’organicisme initiée par Samuel Taylor Coleridge à la fin du XIXème siècle. A la recherche d’alternatives esthétiques au fonctionnalisme et à l’internationalisme dans la première moitié du XXème siècle, ces trois artistes sont à la recherche d’une formule poétique écrite et construite qui permette de faire advenir ce qu’ils désignent comme l’ « œuvre naturelle », œuvre d’art qui aurait partie liée avec le vivant et l’environnement, qui rendrait compte d’une articulation fondamentale entre le poétique et les phénomènes naturels. Premiers jalons des pratiques artistiques environnementales qui verront le jour au cours du XXème siècle, les œuvres organicistes témoignent d’un désir de dépasser la mise en opposition traditionnelle de la culture et de la nature. L’étude conjointe de trois œuvres construites au Canada (le Banff National Park Pavilion de Wright (construit à Banff Hot Springs Reserve en 1913), les dessins préparatoires du viaduc de Leaside près de Toronto (1927) de Claude Bragdon, et le dôme géodésique (ou Biosphère) de Montréal de Richard Buckminster Fuller (1967)) éclairée par des extraits d’œuvres littéraires des mêmes artistes, rassemblés sous le nom d’architectes organicistes, permet de donner corps à cette expérimentation esthétique commune.
Les échelles de la création : nature et intervention technique dans l’injection stratosphérique d’aérosols
Daniel Blémur, UdeM
La géoingénierie solaire par injection stratosphérique d’aérosols (ISA) est une proposition spéculative d’intervention technologique visant à augmenter artificiellement l'albédo de la planète - sa réflexion du rayonnement solaire - de manière à compenser en tout ou en partie le réchauffement climatique. Initialement discréditée, elle gagne aujourd’hui en vigueur, à mesure que s’intensifie la disruption climatique, et fait désormais l’objet d’un traitement scientifique, littéraire et artistique accru. En croisant œuvres de fiction, articles savants et commentaires philosophiques, je tâcherais, dans cette présentation, de dégager certaines des relations qui s’esquissent entre la figure émergente du planétaire et les instances humaines aspirant au projet de sa régulation technique.
16h05
Période de questions
vendredi 18 novembre 2022
Tous les événements indiqués dans l'horaire sont à l'heure de l'Est.
10h20
Introduction
10h30
Panel 7 : Aux frontières de l’anthropocène et du genre
Présidence: Ersy Contogouris, professeure agrégée d’histoire de l’art
Ce panel propose de reconsidérer les rapports anthropocentrés et genrés qu’entretiennent les êtres humains avec la nature. Il s’agira d’interroger et de discuter ces constructions grâce à l’analyse de divers corpus. Il en découle une riche réflexion sur les notions d’écologie, d’écosystème, de genre et de pratique artistique.
Les sigils comme modèle de destruction créatrice pour imaginer un capitalisme post animiste
Albertine Thunier, UdeM
Afin de réfléchir aux processus de création et destruction de la Nature, je propose de questionner les potentialités d’une technique concrète de destruction créatrice. Pour ce faire, je m’inspire d’une pratique issue de la Magie du chaos. La pratique sigillaire, ou l’art de créer des sigils, consiste à transformer l’énonciation textuelle d’un désir, en un signe, sceau ou symbole, par une manipulation matérielle des traits qui la compose. Cette technique sera mise en dialogue avec la conceptualisation marxiste du caractère fétiche de la marchandise et la proposition, soumise par Michael Taussig, d'imaginer des modes de production animistes post-capitalistes.
De la géométrie hyperbolique à la défense de la Grande Barrière de corail; « Crochet Coral Reef », un projet artistique engagé, féministe et sympoïétique
Danielle Desloges, UdeM
Le projet « Crochet Coral Reef » s’inscrit dans la mise en œuvre d’une pratique inclusive entre humains et non-humains selon le paradigme du kinship proposé par Donna Haraway dans Staying with the Trouble, Making Kin in the Chthulucene (2016). En 1997 une mathématicienne de l’Université Cornell, Daina Taimina, créa un modèle au crochet de l’espace hyperbolique que ses étudiants pouvaient manipuler. L’union de cette technique artisanale, humble et « féminine » à la géométrie non euclidienne attira l’attention des sœurs australiennes Margaret et Christine Wertheim. Inquiètes de la dégradation par blanchiment de la Grande Barrière de corail, une structure hyperbolique vivante et capitale pour la biosphère, Margaret, mathématicienne et artiste, et Christine, artisane et poète décidèrent en 2005 de crocheter un récif de corail. Les Wertheim lancèrent un appel à participer au Crochet Coral Reef (CCR) sur le site web de leur organisme The Institute for Figuring (IFF). Ce projet communautaire prit une tournure inattendue. Plus de huit mille personnes, surtout des femmes, dans vingt-sept pays, se sont réunies pour crocheter laine, coton, sacs de plastiques, rubans de magnétophone ou tout autre matière, créant de magnifiques modèles crochetés en plans hyperboliques, faisant du CCR le plus grand projet d’art collaboratif au monde (2016, 78). Par la science, l’art, la laine, les déchets et les gestes simples et répétitifs d’une technique artisanale pratiquée par des femmes solidaires, s’est crée une communauté aux contours fluctuants unissant vivants, humains et non-humains, engagés dans un même combat.
L’Écoqueer : une définition
Daniel Richer,
Né de l’écoféminisme, l’écoqueer réfléchit à l’avenir des espèces et à l’écosystème terrestre au-delà de toute forme de binarité, humaine ou spéciste, déconstruisant ainsi les structures de savoir hégémoniques et culturellement acceptées, voire naturalisées. Cette présentation démontrera la pertinence de l’écoqueer en art actuel, dont les œuvres constituent le véhicule parfait pour reconsidérer notre rapport à la nature et au naturel, en plus de consolider deux disciplines généralement perçues comme diamétralement opposées : l’art et la science.
11h35
Période de questions
11h55
Pause dîner
13h30
Panel 8 : Animisme
Présidence: Analays Alvarez Hernandez, professeure adjointe d’histoire de l’art
Ce panel propose d'étudier la nature en tant que médium de création dans une perspective de transformation. Il s'agira non seulement de réfléchir à la façon dont une œuvre fait appel à la dimension naturelle et spirituelle de l’environnement, mais aussi d'explorer différentes pratiques permettant d’imaginer le post-capitalisme animiste.
Au-delà du sacré : la place des animaux dans l'oeuvre d'Eruoma Awashish
Cléôme Bégin-Lebeuf, UdeM
À travers cette intervention, il sera question de se pencher sur la place occupée par les animaux au sein du processus de guérison décrit dans certaines des œuvres de l’artiste atikamekw nehirowisiw Eruoma Awashish, et sur le sens du mot apprivoiser. À ce propos, l’installation Apprivoiser son âme (2021), où intervient un petit renard, de même qu’une autre œuvre toute récente qui met en scène un ours seront analysées. En partant des conceptions atikamekw de la nature et du monde, il sera question de faire ressortir une dynamique complexe d’interrelations entre l’humain.e et l’animal qui, par la main de l’artiste, se transforment afin de devenir plus respectueuses. La notion de Care sera au centre des réflexions concernant ces deux œuvres.
Escamotage de la nature dans une « culture orientée donnée » Le cas de l’animation et de la publicité
Benjamin Méra, Université Paris-Nanterre
À partir d’études de cas actuels, et après une mise au point historique et sociologique visant à circonscrire rapidement le champ et les relations de la « communication animée », l’enjeu de l’intervention sera d’abord de faire converger outils et perspectives issus des études médiatiques, de la philosophie politique, et des sciences cognitives. De-là, il s’agira de dégager d’une part, une première description des différents usages et pertinences de « l’animation » dans la publicité, puis, d’autre part, le contexte environnemental et politique dans lequel s’inscrit une certaine « communication animée » contemporaine, et en quoi il permet de l’envisager comme participant d’une entreprise plus générale « d’escamotage » du réel, de son remplacement par des paysages virtuels. Comment la construction de ces paysages permet de mieux cerner les puissances des images animées dans leur rapport aux matières et à leur perception humaine sera également, en creux, la ligne de vie de cette étude.
Edgar Calel : Offrandes à la Nature
Jessica Minier, Université du Québec en Outaouais
Cette communication propose de considérer un corpus d’œuvres de l’artiste guatémaltèque Edgar Calel qui prend racine dans la culture et la cosmologie Maya Kaqchikel. Une première partie présentera la pratique de l’artiste et les multiples itérations d’une installation-signature. En seconde partie, il s’agira de considérer en quoi l’œuvre en appelle à la dimension naturelle et spirituelle de l’environnement.
14h35
Période de questions
14h50
Conclusion
15h00
Période de questions
15h10
CLÔTURE DE L'ÉVÉNEMENT